Un nouveau visage pour Gaston Roulaud
Par déclaration d’engagement du 24/01/2020, l’ANRU, la ville de Drancy, Paris, Terres D’envol, l’OPH de Drancy se sont engagés dans le Nouveau Programme de Renouvellement Urbain de la Cité Gaston Roulaud. Par cet signature, l’État réaffirme son soutien à l’un des plus importants projets d’aménagement réalisés à Drancy depuis 30 ans et s’engage à le financer à hauteur de 68 millions d’euros.
Avec ce projet de rénovation urbaine, la cité Gaston Roulaud changera totalement de visage. Elle avait été imaginée, comme beaucoup d’autres dans les années 50 à 70, comme un quartier « autonome ».
Ses habitants disposaient de tout le nécessaire sur place pour vivre en quasi autarcie : des commerces, des services publics, un parc…
Depuis, ce modèle a montré ses limites. Le futur ensemble se doit d’être ouvert sur le reste du quartier et de la ville.
Une rénovation globale
La cité a été repensée dans sa globalité. Seul un bâtiment, la tour E, sera réhabilité. Tous les autres seront démolis et remplacés par d’autres, plus petits.
Des rues seront créées afin de permettre la traversée du quartier et une piste cyclable facilitera l’accès de ses habitants au centre ville.
Certains équipements publics seront réhabilités ou bénéficieront d’extension, comme le groupe scolaire Salengro/Voltaire.
D’autres, ainsi que les commerces, seront démolis et reconstruits sur place ou à proximité immédiate.
Quant au parc, il sera totalement réaménagé.
Un écoquartier
Le développement durable a été au coeur de la réflexion, que ce soit en termes d’aménagement, de mobilité ou de construction. Les bâtiments ont été imaginés de manière à avoir un impact minimum sur l’environnement. Ils consommeront principalement des énergies propres : l’électricité des parties communes (halls, escaliers…) pourra être produite par des panneaux solaires photovoltaïques, le chauffage et l’eau chaude sanitaire par géothermie.
Davantage de logements, mais diversifiés
Le nouveau quartier comptera 383 logements sociaux classiques (280 neufs et 103 réhabilités), 45 en accession à la propriété, c’est-à-dire voués à être vendus, 300 « Action logement » (ex 1% patronal) et 466 logements privés.
Tous les locataires actuels seront relogés dans le parc de l’OPH, certains dans l’existant, d’autres dans le neuf. Des logements sont acquis régulièrement quand un immeuble privé est construit et 26 nouvelles résidences seront construites à cet effet dans les différents quartiers de Drancy.
La reconstruction de 146 logements directement par l’OPH de Drancy débutera cette année.
Au total, l’OPH détruira 700 logements et en reconstruira 816.
Les 116 logements sociaux supplémentaires seront des logements de type PLS, à destination des classes moyennes. « L’objectif est de diversifier l’offre proposée aux Drancéens et de répartir le logement social de manière équilibrée dans la ville, explique le bailleur.
Cette diversification permettra de construire une véritable mixité sociale. »
Des déménagements accompagnés par l’OPH
Le bâtiment D sera le premier à être détruit, au premier semestre 2022. « Nous mettons tout en oeuvre pour que les opérations de relogement se déroulent dans les meilleures conditions possible pour les locataires.
Déménager peut être vécu, par certains, comme un bouleversement. Nous sommes à leur écoute et les accompagnons au mieux », explique-ton à l’OPH.
Le Bailleur accompagne chaque ménage dans son déménagement. En effet, les ménages se verront versés trois forfaits après leurs déménagements afin de couvrir les frais inhérents à ceux-ci. Les plus fragiles, les personnes âgées ou en situation de handicap, peuvent également solliciter une mise en carton. L’OPH prend également en charge tous les frais annexes liés au déménagement, ceux occasionnés par un changement de fournisseur d’énergie par exemple. L’opération de relogement s’intensifiera cette année.
1/4 de milliard d’Euros de travaux
Les travaux de rénovation coûteront près de 250 000 000 €, dont 56% sont financés par l’OPH, 23% par l’ANRU,10% par la Ville et 11% par d’autres partenaires. Le programme devrait durer une quinzaine d’années. « Il s’agit de l’opération la plus importante depuis les opérations du 1er programme de rénovation urbaine (Auffret/Cachin et Pierre Sémard) », constate l’OPH.
Après les travaux, le Petit Drancy, idéalement situé à proximité du centre ville et des transports, notamment du futur métro (ligne 15).
Carte d'identité
> Construite entre 1959 et 1962
> Architectes : Marcel Lods et André Malizard
> Située sur un îlot de 8 ha (280 m sur 350 m)
> Composée de 4 barres (deux de 9 niveaux, une de 11 niveaux, une de 13 niveaux) et 1 tour (18 niveaux)
> 2111 personnes habitent la cité
> 803 logements locatifs sociaux (182 F2, 317 F3, 254 F4, 40 F5, 10 F3 CO)
> Surface habitable : 40 443 m2
> Bailleur : OPH de Drancy
> Elle comporte aussi une galerie commerciale, un ancien conservatoire de musique accueillant depuis associations et services jeunesse, une médiathèque annexe, une crêche départementale, un gymnase, un marché devenu une école d’art déco, ainsi qu’un groupe scolaire
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L’histoire de la cité Gaston Roulaud
Cet ensemble, anciennement dénommé Salengro, a été construit en même temps que la cité Paul Vaillant-Couturier, soit tout juste après les cités Jules Auffret et Pierre Sémard.
Marcel Lods, qui 20 ans plus tôt avait déjà bâti la cité de la Muette, était l’architecte des deux projets.
C’est pourquoi les façades sont similaires. Ce qui permit également de donner une homogénéité architecturale à la ville.
Elle est construite, plus encore que toutes les autres cités drancéennes, sur le principe des utopies architecturales qui, nées dans la première moitié du XXe siècle, se développèrent dans la seconde moitié, entre 1950 et 1970 : un quartier fermé autour d’un lieu de sociabilisation (ici un parc), disposant d’un confort moderne et de commerces.
On notera néanmoins qu’à Drancy cette vision d’un quartier auto-suffisant était bien plus ancienne puisque la cité du Nord, dont la construction a débuté en 1884, était déjà une « ville dans la ville ».
Mais le confort d’hier n’est plus celui d’aujourd’hui. La taille des appartements et l’isolation, tant thermique que phonique, ne correspondent plus aux normes actuelles.
En outre, une cité fermée comme Gaston Roulaud faisait nécessairement le pari d’un engrenage positif qui reposait pourtant sur un fragile équilibre avec l’optimisme d’après-guerre avec toutes ses difficultés.
Ce fut le cas jusqu’au début des années 70, lorsque les classes moyennes accédèrent à la propriété et quittèrent les cités. Tout l’éco-système fut alors enrayé : les commerces périclitèrent et les écoles du quartier, qui faisaient le même pari, virent s’éloigner la mixité sociale dans leurs classes.
La roue se mit alors à tourner dans l’autre sens.